Tout commence par une bête réponse sur un post Facebook par mes soins, et voilà que l’équipe de la Pêcherie lance le concept : une ligue francophone belge de brasseur.euse.s du dimanche. Des gens comme la Pêcherie permettent de réduire la distance et de se réunir, avec un investissement personnel hors normes.
Quelques jours après le lancement de la ligue, Samuel me fait l’immense plaisir de me demander en tant que juge. Membre (et président) du West Homebrew Club j’ai déjà le privilège de flinguer mes papilles en dégustant des bières des mes collègues. Voilà que je passe au niveau supérieur (devrais-je dire national …). Pour les détracteurs, vous connaissez d’entrée mon pédigrée. Je vais néanmoins nuancer mes propos et compléter mon CV. En tant que blogueur (sur HappyBeerTime au départ) j’ai eu la chance de voir des portes s’ouvrir : BXLBeerFest, visites de brasseries professionnelles, etc. Ces différents évènements permettent à chacun de découvrir et d’approfondir ses connaissances. A ces petits privilèges, vous pouvez ajouter qu’il m’est arrivé de participer à des ateliers sur les faux-goûts. Mais surtout de partager nos connaissances autour de nos bières présentées aux Pimps. Le Pimp est un évènement que nous organisons (au West Homebrew Club) autour d’un thème. Comme généralement ce sont des premiers essaies, de nombreuses erreurs sont présentes dans nos bières. On en discute, on partage, et pour la prochaine fois on tente de faire mieux. Je me considère dès lors comme un passionné averti. La bière ne fait pas partie de mon environnement professionnel, et je n’ai aucune raison d’en faire mon travail. A ma connaissance, je suis un des rares “amateur” présent dans le jury. Et j’aime relativement cette position.
Une dégustation type s’effectue de cette manière. A notre arrivée nous dégustons une ou plusieurs bières “étalons”, généralement apportées par nos ami.e.s cavistes. La semaine juste avant l’évènement, notre groupe de discussion entre juges est en ébullition. Chacun montre ses petites découvertes brassicoles sur le style qui sera jugé et donne son avis. Une fois la dégustation des étalons effectuée, on se rince le gosier et on se prend un morceau de pain. De quoi réinitialiser les papilles avant le grand saut.
Les dégustations se font par lot de 5 ou 6 bières. Avec 2 lots maximum par journée. Les meilleures bières sont mises de côté, et nous avons toujours la possibilité de gouter une bière en cas de doutes/coup de cœur. La grille d’évaluation se veut objective, chaque pondération fait une référence directe au style. Il n’y a pas ou très très peu de place au subjectif. Personnellement je remplis en premier lieu, dès que les bières sont servies, les points concernant la mousse. Celle-ci a tendance à disparaitre, alors autant prendre le temps de coter celle-ci correctement. J’enchaine ensuite par le visuel de la bière, ses arômes, puis le goût et la texture de celle-ci. Après avoir gouté l’ensemble du lot et noter celui-ci, je fais un rapide tour pour voir si je reste cohérent. La grille utilisée par la Pêcherie est un savant mélange de ce qui se fait de mieux. Fortement inspirée par celle du BJCP, sa cotation se fait sur 60 points.
Chose importante, entre chaque lot, on effectue une pause. On échange, on se dégourdit les jambes, mais surtout on prend le temps de se rincer les papilles.
Au niveau de la préparation personnelle, celle-ci s’effectue quelques semaines avant la compétition. Je me fournis en bière chez mes cavistes (bien souvent chez Malt Attacks), je relis la description de la bière et je prends des notes de ces dégustations. L’idée est de cerner les principaux défauts du style que pourrait rencontrer un brasseur amateur et les grandes lignes du style. Évidemment, j’évite la veille les plats/boissons/pratiques qui défonceraient mon palais … PRO TIPS : évitez de manger des bonbons violettes la veille … pour l’exemple 😉
Pour le ressenti du niveau c’est assez simple : il y a de tout. Du très très bon au très mauvais. Par exemple, lors de la première journée c’était principalement un mauvais choix d’ingrédients et de fermentation qui posaient problème. Lors de la deuxième journée c’était les températures de fermentation qui ne devait pas être optimales. Il y a une véritable amélioration entre les deux éditions. L’exercice est intéressant, et permettra à mon avis de dynamiser la communauté de brasseur.euse.s amateur.trice.s via des évènements annexes (séances de dégustation, commandes groupées, etc.). Le plus dur reste néanmoins d’être objectif et de se détacher de l’humain qui se trouve derrière la bière. Être trop gentil dans la cotation dans ce type d’évènement n’a pas de plus-values pour le participant.
En attendant, j’attends avec impatience la dernière journée sous le signe de la Harvest Ale (une Belgian IPA avec des houblons frais). Et je crois que si l’année prochaine la ligue continue, on va mettre en route un petit coaching intensif de notre côté de la capitale pour booster nos brasseur.euse.s. On se l’entend … que je sois juge ou participant !
On parle souvent de Samuel quand on parle de la Pêcherie … Mais cette initiative ne s’arrête pas à une personne, c’est une véritable équipe qui se retrouve sous cette bannière. Merci à toute l’équipe de nous accueillir dans les plus belles conditions.
Magnifique article !